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Charisma

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les avis de Cinemasie

6 critiques: 2.58/5

vos avis

34 critiques: 3.18/5



Sonatine 3.75 Inquiétant et efficace
Ordell Robbie 1.5 un film mou et très prétentieux
MLF 2.75
MetalSeb 1 Un film énigmatique
Ghost Dog 4.5 Ai-je aimé ce film ou l’ai-je détesté ?
drélium 2 C'est très lent et un peu trop le désert. Pas grand chose à retenir au final.
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Inquiétant et efficace

Kyoshi Kurosawa s'intéresse une fois de plus avec Charisma à l'âme humaine et ses penchants vers la folie et la destruction. Ici la nature n'est pas considérée comme un élément secondaire servant uniquement de thématique mais au contraire, s'affirme comme un personnage à part entière. La botaniste vient à dire au flic (excellent Koji Yakusho) que les hommes ont tendance à voir la nature comme une accumulation d'êtres vivants et non pas comme une seule et unique entité dans son ensemble. Tout est dit, la réflexion de Kyoshi Kurosawa s'articule autour de cette idée et les personnages de son film en font les frais, nombreux sont ceux qui y resteront.

A bien des égards, ce film ressemble à Cure. Le genre du fantastique est superbement maîtrisé par le réa même s'il pourra paraître trop opaque pour certains. Mais tout l'art du film réside dans les non dits (comme souvent dans le cinéma japonais), et Charisma imprègnera le spectateur averti de son atmosphère inquiétante. A voir, assurément.



22 août 2002
par Sonatine




un film mou et très prétentieux

Avec Charisma, Kurosawa déçoit. On retrouve en effet les défauts et les qualités de Cure mais malheureusement seuls les défauts sont amplifiés. Au niveau des qualités, Kurosawa a toujours un magnifique sens du cadre et crée de superbes ambiances sonores : bruits en sourdines, chants mortuaires qui propulsent le spectateur dans une autre dimension, créant une absence de repères qui correspond au sujet. Néamoins, on a quelques scories de ces deux points de vue: une caméra portée hasardeuse lors du premier plan sur l'arbre et une musique mélange informe d'harmonies orientalisantes, de musique champêtre et de synthétiseurs censée apporter un décalage mais qui ne fait pas rire, même répétée plusieurs fois.

Mais le premier problème de Charisma est d'ordre rythmique: le rythme du film est mollasson, à des années lumière de la tension du meilleur Lynch (qui lui arrivait à trouver le bon tempo d'une enquête en milieu champêtre). Du coup, les retournements font figure de pétards mouillés. Cet aspect se retrouve dans la direction d'acteurs qui manque de conviction. Chez un Tarkovski ou un Bresson, les acteurs sont énergiques, jouent comme si leur vie en dépendait, font par là même exister les concepts philosophiques et du coup le spectateur se sent concerné. Ici, les acteurs débitent leurs aphorismes sur la vie avec une platitude insupportable.

Parlons maintenant des concepts philosophiques du film. La mise en scène insiste lourdement et plusieurs fois sur les barreaux de fenêtres et d'escaliers pour dire que le monde est une prison (dès la première fois on a compris). L'idée que l'homme cherche la liberté mais a en fait besoin d'ordre est une lapalissade. La lutte force de vie/force de mort dans la nature est une autre évidence. Kurosawa pose en philosophe alors qu'il enfonce des portes ouvertes: l'arbre de Charisma n'est pas le sublime monolithe de 2001 qui élevait philosophiquement les astronautes. Le reste du temps, les dialogues ont la platitude d'un téléfilm. Certaines scènes proviennent d'un désir de créer un décalage: Charisma est un script de western transposé dans une forêt et on y retrouve dès lors des personnages typiques du genre -l'homme de l'Est en mileu hostile incarné par Koji Yasusho et la femme qui voit en lui un moyen de quitter l'Ouest-, les scènes de rançon, de braquages et celle du combat au sabre (même si cette dernière se réfère aussi à Mishima qui défendait au sabre une certaine idée ancestrale du Japon) participent de la même logique de vision décalée d'un certain cinéma de genre. Le hic est que ces scènes sont soit soporifiques (braquage, combat au sabre) soit d'un humour douteux: quand le film souligne le ridicule des rançonneurs ou des policiers, il se vautre dans le pire comique troupier, déclenchant plus la consternation que l'hilarité.

Après un Cure aux promesses plombées par sa prétention et un License to Live inégal, Kurosawa ne confirme pas les espoirs placés en lui et surtout ne se situe toujours pas à la hauteur de sa hype critique.



14 mars 2002
par Ordell Robbie




Un film énigmatique

C'est très difficile de parler de Charisma! Le scénario est basé sur un arbre maléfique qui déchaîne les passions, certaines personnes veulent le détruire alors que d'autres tentent de le protéger. Le film est mené sur un rythme très très lent qui le rend vite rébarbatif. Si vous voulez voir un film de Kurosawa, choisissez plutôt Kaïro ou Cure.

22 juillet 2002
par MetalSeb




Ai-je aimé ce film ou l’ai-je détesté ?

C’est en effet la question que je me suis posé après la vision de cette œuvre atypique, quasi-unique en son genre. A brûle pourpoint, il m’a semblé n’avoir strictement rien compris tellement le film est opaque et mystérieux. Il faut dire aussi que Kurosawa s’est apparemment beaucoup amusé à nous lancer des pistes, à nous faire interpréter les différentes scènes de son film tout en nous prenant à contre-pied dans la scène suivante. A la fin, on n’est plus sûr de rien, toutes nos théories se sont effondrées une à une. Beaucoup trouveront dérangeant le fait qu’il n’y a aucune morale, aucune leçon clairement définie à retenir. C’est à chacun de se forger sa propre analyse, sa propre interprétation, et ça, on n’en a pas du tout l’habitude au cinéma. Seuls quelques films nous interloquent à ce point et nous donnent envie de le voir et le revoir pour essayer de percer le mystère qui les entourent (j’ai pensé au Eraserhead de Lynch –1978). Mais y a-t-il une explication rationnelle, tangible à ce film ? Je ne pense pas, et Kurosawa lui-même ne le sait pas.

Charisma est un mélange étonnant de plusieurs genres : il commence comme un policier, avec une prise d’otages assez inédite. Mais très vite on quitte la ville pour se retrouver dans la forêt, une forêt où vivent des arbres et des hommes plus étranges les uns que les autres. Il y est question d’une guerre autour d’un arbre parasite qui tuerait les autres arbres afin de survivre. Certains le défendent âprement comme Kiriyama, estimant que l’on ne doit pas sacrifier le plus fort au profit des plus faibles, d’autres veulent lui faire la peau, comme des écologistes et une équipe d’ouvriers. Jusqu’ici on reste dans le rationnel ; peut-être pourrait-on trouver en creusant un peu une métaphore quelconque qui s’appliquerait à de plus vastes domaines (le combat de la ville contre la nature ?), c’est à voir. Mais une fois que l’arbre soi-disant maléfique est arraché et que la forêt continue quand même à dépérir, on verse dans la fable, où plus rien ne semble avoir de sens : les ouvriers se transforment en zombies et jettent leur chapeau, un arbre atomique géant pousse en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, Kiriyama tue Chiziku, une jeune fille un peu fofolle, le plus tranquillement du monde en lui enfonçant un sabre dans l’abdomen, et Yabuike décide à la toute fin du film de retourner en ville, une ville à feu et à sang vers laquelle convergent des hélicoptères de l’armée sans que l’on sache pourquoi…

Charisma est donc un film en dehors de tout ce qu’on connaît, une sorte de film thématiquement expérimental en restant malgré tout d’une maîtrise formelle à couper le souffle (mouvements de caméra, image nickels). Il est en dehors du barème de notation appliqué dans ce site (mon 4,5 ne veut strictement rien dire, mais bon, il faut bien mettre une note). Mais je veux rassurer ceux qui ont envie de le voir : il n’est pas du tout difficile d’accès et n’est pas réservé à un public averti (on ne s’ennuie d’ailleurs jamais durant la projection). Il est juste peu abordable au point de vue du sens, mais là on est tous à égalité, chacun comprend ce qu’il veut… Il y a tant à dire sur ce film que je vais m’arrêter là, en vous répétant de faire l’effort de le voir et de me dire ce que vous en pensez.



27 janvier 2001
par Ghost Dog


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